Laboratoire de recherche junior créé en décembre 2009 par Julie Henry et Baptiste Morizot
Ce laboratoire de recherche propose à des jeunes chercheurs issus de différentes disciplines (philosophie, biologie, sciences humaines et sociales, médecine, arts du spectacle) d’explorer ensemble cette question : qu’implique, pour l’homme, le fait d’être d’abord un être vivant ?
Pour nous, l’urgence de cette question tenait dès le départ à une certaine frustration vécue dans nos pratiques du travail de recherche : parce qu’elles nous semblaient trop strictement disciplinaires, nos approches respectives du « phénomène humain » en réduisent la complexité – soit en oubliant l’enracinement organique de ce que l’on présente comme « le propre de l’homme », soit au contraire en écartant – par principe de méthode – l’expérience subjective de l’organisme que l’on se donne à connaître objectivement.
Comprendre l’humain comme tel – projet commun aux sciences biomédicales et humaines – nous semblait impliquer une double exigence : d’une part refuser de postuler les notions de « conscience », « culture » ou « rationalité » dans une définition de l’homme ; d’autre part refuser de naturaliser l’existence historique des hommes en la réduisant à un comportement déterminé par les gènes ou conditionné par l’Évolution. Ente ces deux écueils, le défi nous semblait alors de trouver, à notre niveau, les conditions auxquelles un discours commun sur l’homme était possible entre toutes nos approches. Convaincus que nos points de vue disciplinaires doivent être complémentaires, nous avions fixé au départ comme horizon de discussion l’idée d’ « anthropobiologie ». Notre projet initial était ainsi de partager méthodes et savoirs positifs quant à la nature et aux pratiques de l’homme vivant, afin d’expérimenter par nous-mêmes le difficile effort de faire converger nos discours sur un même « objet frontière ». En d’autres termes, notre postulat d’alors était que – étant donné l’extraordinaire intégration, en l’homme, du biologique et de l’existentiel – un discours intégrant lui-même les multiples dimensions de l’humain devait être possible, dès notre modeste échelle, à certaines conditions épistémologiques et méthodologiques qu’on se proposait de cerner.
Enfin, la forme que devait prendre ce travail était déjà largement déterminée par les conditions de sa mise en œuvre : pour qu’une collaboration vraiment interdisciplinaire ait lieu, il fallait qu’en plus d’un partage de compétences (mise en commun de savoirs disciplinaires lors des échanges sur un thème à l’intersection des disciplines – « l’information », « la norme », « l’évolution » par exemple) nous réussissions un échange de pratiques : chacun s’initiant aux méthodes de l’autre (notamment entre sciences humaines et exactes). Le but visé, pour faire advenir la rencontre interdisciplinaire, était systématiquement de dégager un « terrain commun », de trouver un accord a minima en vue d’unifier les discours venus de perspectives si diverses.
Deux ans de travail réellement en commun nous ont permis de corriger et d’approfondir nos intuitions de départ, tout en soumettant notre méthode à une constante épreuve pour la valider et l’affermir. Nos nombreux ateliers (réunions thématiques, organisation de conférences et d’un colloque) ont a chaque fois donné lieu à un échange positif vraiment enrichissant, mais – fait qui n’a cessé de nous surprendre – toujours là où ne l’attendait pas.
Pour nous contacter : contact-ehvi(at)orange.fr
Le carnet de recherches du Laboratoire Junior (à jour) : http://ehvi.hypotheses.org/