EHVI
 

Axe 4 : « Activités de recherche et activités du vivant »

L’enquête sur l’homme vivant est aussi une enquête de l’homme vivant. Puisque, malgré sa pos­ture en rup­ture épistémologique, le cher­cheur reste un être vivant, son expé­rience (cor­po­relle, axio­lo­gi­que) n’est ni indif­fé­rente ni seu­le­ment néga­tive vis-à-vis de son tra­vail théo­ri­que tou­jours ancré dans une cer­taine pra­ti­que. Si la vie orga­ni­que est tou­jours déjà vie de rela­tion – avec l’inte­rac­tion entre un vivant et son milieu –, com­ment les rela­tions humai­nes, les valeurs humai­nes et la recher­che humaine (théo­ri­que, scien­ti­fi­que) se déta­chent à partir de cette vita­lité ori­gi­naire, et com­ment en gar­dent-elles l’énergie et la sen­si­bi­lité ?

Plus par­ti­cu­liè­re­ment, que se passe-t-il lors­que le cher­cheur, en son labo­ra­toire, ana­lyse dans un orga­nisme ce qui simul­ta­né­ment se passe en lui quand il se penche sur son tra­vail ?1 Pourra-t-il – sous pré­texte d’objec­ti­vité reje­tant le vécu sub­jec­tif comme une illu­sion – se vivre lui-même comme un orga­nisme qui ne serait que le lieu d’influen­ces exté­rieurs et de méca­nis­mes fonc­tion­nels ? Et s’il ne le pou­vait pas, qu’est-ce que cela dirait de la réduc­tion qu’il opère en étudiant son objet ?

HERT, Philippe, « Comment le terrain nous dit le savoir commun : pour une prise en compte de l’expérience sensible dans la recherche de terrain », in Questions de communication (2011, à paraître)